Cinquième voyage Jour 10 : Le poids du ciel

Date : 18 mai 2025
Lieu : Inuvik, Canada
Cet après-midi, j'ai parcouru le sentier du Lac Boot. J'avais l'impression d'entrer dans un espace empli de silence et de distance. Les épinettes noires, de petite taille, se détachaient sur le ciel pâle, leurs formes étranges adoucies par des touffes de neige et des plaques de mousse verte qui commençaient à peine à s'éveiller. Chaque pas me semblait intrusif, et le léger crissement de mes bottes sur le sol gelé était quelque peu trop fort. L'air ici est vif et pur. Il est pur, froid et simple.
Il n'y avait aucun bruit, à l'exception du vent qui soufflait dans les fines branches et du craquement occasionnel de la glace qui fondait. C'était étrange, mais c'était agréable d'être dans un endroit où rien ne se démarquait, où chaque forme semblait heureuse d'être là. Je me suis retrouvé à marcher lentement, m'arrêtant souvent pour dessiner des arbres, des brindilles cassées dans la neige et de longues ombres sur le sol accidenté.
À un moment donné, je me suis abaissée jusqu'à la mousse, qui était douce comme du velours sous mes doigts. J'avais l'impression de retrouver une résilience tranquille. Les motifs lumineux changeaient légèrement à chaque nuage qui passait, donnant l'impression que le même chemin était nouveau toutes les quelques minutes.
En marchant, j'ai pensé au mot « austère ». Ce pays ne cherche ni à charmer ni à séduire ; il s'exprime avec simplicité et sans complexe. Mais cette honnêteté m'a fait ressentir un surprenant sentiment de connexion. Il n'y avait aucun excès. Nul besoin d'explications.
En revenant vers le départ du sentier, le soleil baissait légèrement, projetant de longues traînées argentées et bleues sur les plaines dégagées. Je m'arrêtai une dernière fois pour respirer. Tout était immense, mais maintenant tout était brisé en petits morceaux. Et ces morceaux contenaient toute l'histoire.
Le froid m'a suivi jusqu'à la maison.