Cinquième voyage Jour 104 : Chaise sans chat

Date : 20 août 2025
Lieu : Le Caire, Égypte
Je suis arrivé au Caire ce matin et la chaleur m'a immédiatement frappé. L'air est épais, chargé de poussière qui rend le soleil pâle. L'atmosphère ici est bien plus lourde et bruyante que la mer limpide qui entoure Aqaba. Même immobile, j'avais l'impression que la ville tournait autour de moi.
Après avoir laissé mon sac à la maison d'hôtes, je me suis dirigé vers un café voisin. Il était petit, avec du carrelage ébréché et une porte vitrée qui fermait mal. À l'intérieur, l'air était plus frais. Ça sentait le café et la fumée. J'ai commandé un thé à la menthe. Le verre était chaud dans mes mains, mais le goût était piquant, comme une bouffée d'air frais par une chaude journée d'été. J'ai ouvert mon carnet de croquis sans trop réfléchir, laissant mon crayon suivre le son que j'entendais : des voix qui se parlaient, le bruit des cuillères qui heurtaient les assiettes, le bruit discret de la circulation dehors.
De là où j'étais assis, je pouvais voir dehors par la porte. J'ai vu un garçon qui vendait des mouchoirs, une femme portant du pain sur la tête et un chat sans collier. Chaque petit mouvement semblait s'accorder avec le rythme détendu de la ville. Je n'avais pas encore l'impression de devoir m'y impliquer pleinement. Il suffisait de m'asseoir et de laisser Le Caire entrer en moi, plutôt que l'inverse.
La poussière à l'horizon empêchait de distinguer les contours des bâtiments. J'ai réfléchi à la façon dont la brume peut à la fois obscurcir et relier, adoucissant les divisions pour donner une impression de continuité aux formes. J'y reviendrai demain, mais pour l'instant, je veux me souvenir de sa lourdeur et de sa netteté, et du confort qu'il y avait à être immobile au milieu de tout cela.