Cinquième voyage, jour 105 : Le bateau penchait trop

Date : 21 août 2025
Lieu : Alexandrie, Égypte



Je suis arrivé à Alexandrie ce matin, et la première chose que j'ai remarquée, c'est que l'air était différent de celui du Caire. La chaleur est toujours là, mais l'eau de mer l'atténue. Je sentais le sel et le poisson mêlés à la poussière. C'était une odeur lourde et persistante. L'horizon semblait flou, comme si la mer et le ciel n'avaient pas encore décidé où se séparer.

J'ai passé deux heures tranquilles à marcher le long de la Corniche. Le mur de pierre à côté de moi était chaud sous ma paume, comme s'il avait été caressé par le soleil. Les vagues s'y pressaient sans relâche, sans hâte, laissant des taches sombres et humides qui séchaient presque aussitôt. De l'autre côté, la circulation était rapide et bruyante, mais l'eau contribuait à équilibrer le tout. Je me sentais coincé entre deux rythmes différents.

Les gens se déplaçaient en petits groupes : un homme appuyé contre la rambarde, deux enfants se poursuivant, des femmes marchant lentement avec des sacs de fruits. Je n'y cherchais pas d'histoires ; je remarquais simplement leurs contours et la façon dont ils remplissaient l'espace entre la mer et la rue. Il y avait un petit bateau de pêche dans l'eau, et sa corde était tendue contre le courant. J'ai observé le bateau plus longtemps que prévu. Peut-être cherchais-je quelque chose de plus stable.

La lumière ici est plus douce que celle du Caire. Elle n'illumine pas tout, mais elle se diffuse doucement, captant les embruns et transformant les bords de l'eau en reflets argentés. J'ai pensé au papier imbibé d'encre, à la façon dont l'encre se répand en différentes nuances sur les fibres.

Je me sentais moins comme un visiteur que comme quelqu'un qui écoutait en marge d'une conversation qui ne m'était pas destinée. C'était la bonne chose à faire aujourd'hui : ne pas m'immiscer, ne pas exiger, mais attendre suffisamment longtemps pour laisser l'air façonner mes pensées.