Cinquième voyage Jour 106 : Des cailloux contre la gorge de la rivière

Date : 22 août 2025
Lieu : Louxor, Égypte



La première inspiration à Louxor fut différente. Alexandrie m'avait laissé sa lourdeur – l'humidité de la mer et l'air saturé – mais ici, la sécheresse rend tout plus net et plus précis. J'ai passé la majeure partie de la matinée à m'adapter. Mon corps se déplaçait plus lentement, comme si la chaleur était une main qui me pressait doucement.

J'ai trouvé un endroit tranquille au bord du Nil, non loin des embarcations. L'eau était calme et reflétait le ciel. Les roseaux étaient légèrement courbés et leurs pointes s'agitaient doucement dans l'air. Je suis resté assis un long moment, mon carnet de croquis ouvert, mais je n'ai pas utilisé beaucoup de peinture sur le papier. C'était suffisant pour que la surface du fleuve s'imprègne dans mes yeux – non seulement sa vue, mais aussi son rythme, le silence qui changeait au passage des bateaux.

Des enfants jouaient à proximité, jetant des cailloux dans l'eau qui touchait à peine le fond avant de couler. Leurs rires étaient plus légers que la chaleur environnante. Je fixais sans cesse la ligne où les plantes vertes rejoignaient le sable. C'était l'étroite frontière où la vie continuait.

L'après-midi était chaud, alors je suis rentré me reposer. La cour de la maison d'hôtes était ombragée et calme. J'ai regardé les ombres se déplacer sur les tuiles tandis que le soleil filait dans le ciel. La lumière donne l'impression que le temps est plus lent, presque suspendu.

Ce soir, je me sens calme, mais pas complètement détendu. Louxor semble exiger de la patience. Elle ne se révèle pas immédiatement. Je pense que les journées ici seront riches en expériences différentes, comme la rivière, le désert, la pierre et le silence. Chacune exigera une attention particulière. Pour l'instant, je me contente de commencer par l'eau, la forme la plus simple d'arrivée.