Cinquième voyage, jour 107 : Le café emporté par le passé

Date : 23 août 2025
Lieu : Beyrouth, Liban
Je suis arrivé à Beyrouth ce matin et j'ai marché jusqu'à la Corniche en fin d'après-midi. La mer ressemblait à un miroir, avec des bords bleu pâle et des zones plus sombres où elle était cachée du soleil. Le trottoir était chaud, mais la brise le rendait agréable. J'avançais lentement, laissant mon regard s'habituer aux différences de lumière et de couleur : le blanc des vieux immeubles, le rose vif soudain des bougainvilliers et la persistance silencieuse des pêcheurs penchés sur leurs lignes.
Ma marche avait un rythme qui me rappelait d'autres fois où j'étais arrivé. J'avançais un peu maladroitement, essayant d'adapter mon allure à celle de l'autre personne. Des familles étaient rassemblées le long du mur, les enfants courant dans tous les sens, leurs voix couvrant le bruit des vagues qui s'écrasaient sur les pierres. Un homme passa, portant un plateau de tasses à café à la main. L'odeur du café flotta un instant dans l'air avant de se dissiper dans la circulation.
Je m'arrêtais souvent pour admirer le paysage, non pas par fatigue, mais pour mieux profiter du panorama. L'eau atténuait le bruit, et je regardais dehors : la ville derrière moi paraissait plus petite et moins importante. Je pensais à l'air sec de Louxor et à la sensation qu'il procurait par rapport à la chaleur humide d'ici. Les deux étaient présents, mais de manières différentes : l'un était faible et fragile, l'autre souple et souple.
Cette promenade m'a permis de réfléchir clairement. L'arrivée est toujours une situation délicate : pas encore tout à fait là, mais pas non plus tout à fait partie du lieu précédent. Je me suis laissée aller à cet entre-deux, sans chercher à y trouver un sens. Quand je me suis retournée, la lumière avait déjà changé et la mer commençait à prendre une teinte orangée. Ma chemise collait légèrement à mon dos. J'ai porté la journée jusqu'à chez moi avec un léger malaise, équilibré par le calme de l'horizon.