Cinquième voyage Jour 109 : La main qui n'a pas fini

Date : 25 août 2025
Localisation : Byblos, Liban
Je suis arrivé à Byblos ce matin, et le bus m'a déposé près du port. L'air sentait le sel et la poussière, comme la côte. En marchant vers les ruines du port, j'ai remarqué que la pierre semblait contenir non seulement la lumière du soleil, mais aussi un souvenir de chaleur, comme si elle avait traversé les siècles. Les mouettes tournoyaient autour, leurs cris se mêlant aux voix lointaines.
J'ai passé un certain temps à explorer les ruines. Les pierres étaient inégales. Certaines étaient brillantes, d'autres brisées et rugueuses. J'ai posé la main sur un bloc. Il était rugueux et un peu froid, et des ombres s'en étendaient. C'était un geste simple, mais il m'a permis de me sentir connecté à ce lieu, comme si ma peau touchait quelque chose qui avait résisté aux tempêtes, aux dirigeants et aux départs. Au-delà, la mer était d'un bleu calme, et les bateaux allaient et venaient sans hâte.
Pendant un moment, je me suis assis sur un muret, mon carnet de croquis sur les genoux. Je n'ai pas terminé un dessin. Je traçais plutôt des lignes coupées en deux, arrêtées sur les bords et recommencées ailleurs. Cela reflétait ce que je ressentais en arrivant à un endroit, non pas pour terminer quoi que ce soit, mais pour y entrer lentement, par morceaux. Il y a une sorte de douceur à ne pas terminer les choses.
La chaleur s'est intensifiée en début d'après-midi, et j'ai ralenti encore plus. Même l'air était calme, comme si les ruines elles-mêmes demandaient le silence plutôt qu'une interprétation. Je suis reparti avec seulement quelques lignes floues sur le papier, mais mon esprit était rempli d'impressions – comme la texture de la pierre, l'odeur de la mer et le parfum de l'histoire dans l'air.
Ce qui reste ce soir, c'est la pause elle-même, la façon dont l'arrivée peut être moins une question de mouvement et plus une question d'immobilité, laissant le monde s'infiltrer.