Cinquième voyage Jour 119 : Le bruit s'est calmé
« Le bruit s'est arrêté » — Une tentative de contenir le vacarme du port dans un instant de souffle marin le long du brise-lames de Lattaquié.
Date : 4 septembre 2025
Localisation : Lattaquié, Syrie
À Lattaquié , grand port méditerranéen sur la côte syrienne , la journée s'écoule au rythme des grues, des mouettes et des vagues. Le littoral de la ville, longtemps lié au commerce maritime et à l'ancienne côte près d'Ougarit, enveloppe de son bruit les pierres du brise-lames, où le sel, le diesel et la chaleur s'accumulent comme une nouvelle marée.
Ambiance portuaire
Cet après-midi, j'ai marché vers la mer et trouvé un endroit pour m'asseoir sur la digue. Les pierres étaient rugueuses et chaudes sous mes pieds. Elles retenaient la chaleur du soleil, et le vent adoucissait l'air. Le port était assez proche pour que j'entende les grues et les camions, mais de là où j'étais assis, le bruit de l'eau était plus fort. C'était comme un rythme régulier et irrégulier de vagues déferlantes, tantôt aiguës, tantôt creuses. Les mouettes volent dans le ciel. Leurs cris sont à la fois forts et étranges, mais dans le bon sens du terme.
Veillée du brise-lames
Au début, je n'ai pas dessiné. J'ai regardé l'eau se presser contre les pierres, puis s'éloigner, laissant des traces sombres qui s'estompaient en séchant. La répétition n'était pas exacte ; elle changeait constamment, comme si la mer refusait de se fixer sur un seul geste. Je pensais au port de Tartous qui m'avait semblé plus calme et silencieux la veille. Ici, la mer semblait plus animée, comme la ville derrière elle.
Choisir l'immobilité plutôt que l'esquisse
Un garçon passa en courant avec une ligne de pêche, ses pas rapides sur les pierres. Il me regarda un instant, puis reporta son regard sur l'eau. J'enviais sa facilité à s'imprégner de la mer, tandis que j'apprenais encore à l'apprécier. Finalement, j'ouvris mon carnet de croquis et fis de légères marques. Je ne dessinai pas les mouettes ni les vagues, mais leur rythme. J'en dessinai les interruptions, les chevauchements et les espaces vides.
Une ville en phase avec la mer
Aujourd'hui, je me souviens surtout de la texture des choses : le sel sur mes lèvres, la pierre sous ma main, le bruit de l'eau qui se brise contre quelque chose d'immobile. La mer ici n'est pas aussi apaisante que je l'espérais. Elle me rappelle que le repos peut être bruyant, et que le calme vient quand on se laisse traverser par le bruit.
Notes de voyage
- Météo : 31°C et humide avec une brise marine constante ; ciel presque sans nuages, horizon brouillé par la brume ; pierres chauffées par le soleil rayonnant de chaleur.
- Odeurs : embruns salés mêlés au diesel du port, trace de métal et de goudron provenant des cordages et des quais.
- Sons : Des vagues irrégulières, parfois aiguës, parfois creuses, au-dessus des grues, des camions et les cris brillants des mouettes.
- Réflexion : Le repos peut être bruyant ; le calme arrive lorsque le bruit est autorisé à passer plutôt que d’être résisté.
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