Cinquième voyage Jour 17 : Esquisse laissée inachevée
Date : 25 mai 2025
Localisation : Narsaq, Groenland
J'ai passé la majeure partie de la journée au sol. Après mon arrivée, je n'avais pas envie de vues panoramiques ni d'histoires à grande échelle. J'ai plutôt marché lentement à travers les étendues de toundra proches de la ville, attiré par les petits groupes de mousse et de fleurs basses qui poussent entre la pierre et le sol. S'agenouiller était une façon de témoigner du respect – non pas pour l'apparence, mais pour le plaisir. Les motifs de lichen étaient plus complexes que je ne l'avais imaginé – certains se ramifiant comme des affluents de rivière, d'autres formant des éventails arrondis, doux mais fermes au toucher.
J'ai esquissé un moment, mais je ne travaillais pas sur des compositions complètes. Je faisais juste des dessins rapides pour coucher mes idées. Des marquages. J'ai remarqué comment les couleurs vertes changeaient selon les endroits sous la lumière changeante, et comment la terre prenait une teinte rosée dans certaines zones humides. Un habitant du coin est passé et a hoché la tête. Nous n'avons rien dit. Ça me semblait juste.
Il y a ici un silence qui n'a pas besoin d'être expliqué. Ce n'est pas le silence du vide, c'est le silence de l'accord. Les choses ont été si longtemps qu'elles sont devenues ce qu'elles sont. Je n'avais pas l'impression de devoir les interpréter ou en chercher le sens. Il me fallait simplement rester parfaitement immobile pour ne pas les perturber.
À un moment donné, j'ai arrêté de dessiner et je suis resté là, la main posée sur le papier, à regarder un nuage solitaire se déplacer lentement au-dessus de la crête. Je crois que c'était le meilleur moment de la journée. Je ne peindrai pas le nuage. Mais cette sensation de dérive lente pourrait se retrouver dans la prochaine œuvre : légère, calme et mesurée.
Je n'ai pas beaucoup parlé aujourd'hui. Mes pensées sont trop complexes pour être exprimées par des mots. Parfois, cela suffit.
