Cinquième voyage, jour 19 : Horizon retenu

Date : 27 mai 2025
Localisation : Kangerlussuaq, Groenland
J'ai passé la majeure partie de la journée à marcher vers le nord, loin de la piste d'atterrissage et en direction du bord de la calotte glaciaire. Le sentier n'était pas balisé, juste du gravier pâle et granuleux. Il y avait aussi quelques flaques d'eau, vestiges de la fonte des neiges. Elles ressemblaient à des miroirs, mais elles n'étaient pas encore terminées. Le terrain semblait se courber légèrement vers le haut au loin, attirant le regard vers un horizon qui ne se dévoilait jamais vraiment.
Je marchais lentement. Le seul bruit que j'entendais était celui de mes bottes heurtant le gravier. Il n'y avait ni arbres, ni bâtiments, ni oiseaux. Seuls le vent et le léger bruit de la fonte des neiges parvenaient à mes oreilles. À un moment, je me suis arrêté et j'ai touché un morceau de neige qui n'avait pas encore fondu. Sa surface était rugueuse et piquée comme du corail. J'ai été surpris par sa solidité, mais il est vite devenu chaud dans ma main.
Il y a une solitude dans cet endroit qui n'est pas triste. C'est le genre de solitude qui vous fait réfléchir. Vous vous concentrez sur l'essentiel. Vous regardez autour de vous et réalisez que c'est le moment que vous attendiez. Ciel. Pierre. Froid.
Sur le chemin du retour, je me suis assis sur un rocher plat et j'ai senti le soleil caresser mon visage. La chaleur était prudente, mais pas cruelle. J'ai réfléchi à ce que signifie approcher quelque chose sans intention d'arriver. C'était peut-être la leçon de la journée : tenter d'atteindre la glace sans y parvenir. Permettre à l'absence de faire partie de l'expérience.
Plus tard, je me suis rincé les mains dans une mare peu profonde près de la piste. L'eau était claire et immobile. Je ne voyais pas mon reflet, mais j'avais l'impression d'en faire partie.
Rien de bien excitant ne s'est produit. Mais le calme est resté le même.