Cinquième voyage, jour 22 : Le chien est passé sans s'arrêter

Date : 30 mai 2025
Lieu : Isafjörður, Islande
Je suis arrivé à Ísafjörður ce matin. C'est un petit endroit qui me semblait un joyau caché, entouré par la mer et les montagnes. Le sentier qui descendait le fjord était étroit et effrayant. Même l'avion semblait prudent. En arrivant sur le tarmac, j'avais l'impression d'être dans un tableau : les couleurs étaient grises, l'air un peu humide et l'air très clair.
Je n'ai pas cherché à faire grand-chose. C'était juste un café près du port – le genre d'endroit avec des vitres embuées et une odeur de levure et de marc de café incrustée dans les murs. Je me suis assis près de la fenêtre avec une tasse d'un parfum de cardamome et j'ai regardé les bateaux avancer au gré de la marée. Le calme d'une ville comme celle-ci a quelque chose de particulier. Ce n'est pas seulement vide, c'est empreint d'une certaine profondeur.
Les nuages changeaient constamment de forme, mais pas de direction. Le soleil pâle scintillait, juste assez pour projeter ses reflets sur le trottoir mouillé. J'ai aperçu les filets de pêche suspendus pour sécher. J'ai remarqué que les cordes semblaient détendues, usées et ne craignaient pas de s'effilocher.
Je n'ai pas ouvert mon carnet de croquis. Pas encore. Aujourd'hui, j'ai eu l'impression de faire une pause. C'est une page qui se tourne doucement, pas un chapitre entier.
J'ai vu un vieil homme marcher sur le quai, suivi de deux chiens. L'un d'eux m'a regardé passer, puis a continué sa route. Ce moment m'est resté en mémoire plus longtemps que prévu. C'était un rythme simple, banal, mais complet.
Demain, j'irai peut-être faire une randonnée en montagne. Ou peut-être pas. Pour l'instant, je profite simplement de la douceur du jour – celle qu'on ne remarque pas au début, mais qu'on ressent ensuite toute la journée.