Cinquième voyage Jour 25 : Écouter la forme

Date : 2 juin 2025
Lieu : Vik í Mýrdal, Islande
Cet après-midi, j'ai marché sur la plage de Reynisfjara, restant près des falaises basaltiques alors que la marée commençait à se retirer. Le sable est noir et granuleux – pas fin comme de la poudre, mais grossier, presque caillouteux. Il collait à la semelle de mes chaussures et s'accumulait dans les plis de mon manteau. La mer était forte. Elle ne s'arrête pas, mais continue, comme si elle n'avait jamais cessé depuis la formation des falaises.
L'air était lourd, mais pas trop épais pour respirer. Il était à la fois humide et clair – une pesanteur qui rendait les choses plus claires, et non plus floues. Je n'ai pas pris de notes. J'avais emporté mon petit carnet, mais il est resté dans ma poche latérale. La brume avait adouci les pages. Au lieu de cela, j'ai marché et observé. J'ai vu l'écume se déplacer sur le sable noir. J'ai vu les oiseaux entrer et sortir des colonnes. J'ai vu la pierre humide scintiller comme de l'huile.
Une mouette solitaire se tenait immobile près de l'eau. Elle n'a pas sursauté à mon passage ; elle s'est juste légèrement retournée, comme pour s'adapter au vent. Je me demande si je l'ai regardée aussi. Nous étions tous les deux dans quelque chose qui n'utilisait pas de mots.
Les falaises se courbent si subtilement qu'on ne remarque le chemin parcouru qu'en se retournant. J'ai rebroussé chemin juste au moment où la lumière commençait à décliner, même si la nuit n'a jamais été complètement noire. En juin, l'Islande donne l'impression que le temps lui-même marque une pause.
Ce soir, je me sens détendue mais consciente. Il ne s'agit pas d'urgence, mais d'écoute. Je revois encore les formes basaltiques dans mon esprit, leurs angles s'adoucissant en quelque chose de fluide, de rythmé, presque tendre. J'essaierai peut-être de les peindre demain, mais pas directement. Elles ressemblent moins à des structures qu'à des souvenirs de tension maintenus avec grâce.
Je pense que c'est ce que j'en ai retenu : la tension n'a pas toujours besoin de se dissiper pour être belle. Parfois, il suffit qu'elle perdure.