Cinquième voyage Jour 26 : Fenêtre sans cadre

Date : 3 juin 2025
Lieu : Tórshavn, Îles Féroé
La pluie ne s'est jamais vraiment arrêtée ; elle s'est juste embrumée lorsque je me suis dirigé vers Tinganes. Les bâtiments en bois étaient serrés les uns contre les autres, et leur peinture rouge foncé était striée par les années de temps. Je gardais ma capuche relevée, mais l'humidité ne me dérangeait pas. L'eau, les vieux chemins de pierre et la douce courbure du port à la sortie de la ville avaient quelque chose d'apaisant.
Je marchais lentement, sans plan précis. Mes pas étaient davantage guidés par la sensation du sol que par ma destination : les pavés brillants, la texture du bois mouillé, les soudaines rafales de vent aux angles. Deux mouettes étaient perchées sur un toit, face à la mer grise. Je m'arrêtai pour les observer, me demandant ce que le silence signifiait pour elles. Au détour d'un virage, je trouvai un étroit sentier entre deux maisons. Je m'y engageai et laissai le monde se rétrécir. Un côté de la pierre était humide, et le bois de l'autre dégoulinait. On entendait à peine le léger bruit de la pluie dans la mousse.
Je n'ai pas dessiné. Pas aujourd'hui. Je ne voulais rien interrompre. Au lieu de cela, j'ai porté les formes sans rien dire. Il y a une fenêtre cintrée, une charnière rouillée et un pli dans le ciel. Je m'en souviendrai au toucher.
Je suis de retour dans la chambre, et il pleut à nouveau. On entend un léger cliquetis dehors, comme un mât de drapeau ou un volet qui se détache. Je me sens calme, mais pas fatiguée. C'est juste plein, et on n'a pas besoin de dire quoi que ce soit. Parfois, j'aimerais juste que la journée se termine. Je crois que c'était le cas aujourd'hui.