Cinquième voyage, jour 33 : La chaleur du métal dans l'air froid

Date : 10 juin 2025
Localisation : Bodø, Norvège
J'ai passé l'après-midi à marcher le long du port, suivant le mouvement de la mer sans plan précis. Le vent pressait mes manches et mon col, mais j'ai persévéré. J'y suis allé en partie pour le froid, qui m'a apaisé les idées, et en partie pour le rythme. Ici, la mer semble contenue, maintenue par la pierre et l'industrie. Des bateaux rouillés sont ancrés contre la jetée. La peinture s'écaille, car le temps est plus mauvais que prévu.
Je me suis arrêté un moment pour observer un tas de cordes et de bouées amarrées au quai. Les cordes s'étaient raidies à cause du sel et du temps. Le rouge de la bouée avait viré au rose clair. J'ai fait un petit croquis, non pas pour immortaliser, mais pour remarquer. Il y a une différence.
Il n'y avait pas grand monde, ce qui m'a plu. Il y avait quelques cyclistes. Un homme était assis sur un banc, observant quelque chose que je ne pouvais pas voir. Je suis passé devant la bibliothèque Stormen et j'ai pensé à entrer, mais je n'étais pas encore prêt à rester à l'intérieur. Le ciel semblait indiquer qu'il allait pleuvoir, mais ce ne fut pas le cas. Cela aussi me semblait juste.
Il y a ici une lumière qui ne passe pas d'une intensité forte à une intensité faible. Cela permet de conserver des contours nets. J'aimais la chaleur des grilles métalliques au toucher, malgré la fraîcheur de l'air. Je ne pouvais m'empêcher de penser à cette contradiction.
C'est une ville calme, non pas dans le bruit, mais dans l'attitude. Elle n'exige rien. Elle perdure.
Demain, je bougerai différemment. Mais aujourd'hui, marcher m'a suffi.