Cinquième voyage, jour 35 : Le ciel ne s'est pas terminé

Date : 12 juin 2025
Lieu : Longyearbyen, Svalbard
Cet après-midi, j'ai longé le bord de l'Adventfjorden, et c'était si calme que j'entendais à peine mes pensées. Ce n'était pas vide, juste vaste – une sorte d'espace qui ne m'exigeait rien. La mer était calme, et sa surface était d'une teinte aluminium brossé, parfois interrompue par une vague sombre ou le bref scintillement d'un oiseau marin au loin. Ici, pas de vagues, pas d'urgence. La terre ici reste immobile, sans un bruit.
Je produisais un bruit assourdissant en marchant sur le gravier, de ce genre qui donne l'impression d'être exposé. Je continuais d'avancer. D'un côté, le sol dégelait – des plaques de mousse commençaient à émerger de la terre grise. De l'autre, le fjord s'étendait à perte de vue sous le ciel. Je ne disais rien. Je n'entendais personne. Je n'entendais que le léger bruit de mon manteau qui se frottait et le léger tic-tac des petites pierres qui bougeaient sous mes pieds.
C'était bon d'être seul sans se sentir seul. Ici, la lumière est toujours la même, elle ne change pas. C'est aussi simple que ça. Je me suis arrêté quelques minutes pour dessiner le point de rencontre entre la terre et la mer. Le dessin est approximatif, mais ce n'est pas grave. Cet endroit ne suit pas de lignes simples et droites.
Je m'y habitue encore. Mon corps ne sait plus quand dormir, et mes pensées sont devenues longues et lentes, comme des ombres qui ne tombent pas. Mais il y a quelque chose d'authentique dans ce rythme : il nous donne le temps d'écouter sans nous précipiter pour obtenir des réponses.
Demain, j'essaierai de bouger plus délibérément. Je ne veux pas en faire plus. Je veux mieux ressentir les transitions. Je veux sentir le passage du silence au bruit, de la pierre à la mousse, et d'une respiration à l'autre.