Cinquième voyage Jour 41 : Attention maintenue en suspension

Date : 18 juin 2025
Lieu : Tartu, Estonie
La pluie aujourd'hui était douce, comme une présence silencieuse qui effleurait tout. Tartu paraît petite, mais elle est riche en facettes. Ses bâtiments se détachent délicatement sur le ciel. Après mon arrivée, je me suis rendu au jardin botanique. C'était une marche facile et lente, dans l'air humide et les pavés glissants.
Le jardin me donnait l'impression d'un espace protégé et caché. Des gouttes d'eau se collaient aux bords des feuilles, dessinant des nervures délicates. Une légère odeur de terre émanait des sentiers humides, et le vert de la mousse adoucissait chaque surface. Les serres étaient chaleureuses et accueillantes à mon passage, leurs fenêtres embuées de l'intérieur, telles des lanternes tamisées.
Je me suis assis un moment sur un banc de pierre, écoutant le silence du jardin. Deux moineaux sautillaient sur le gravier à proximité, indifférents. La pluie faiblissait et se transformait en une fine brume qui effleurait à peine ma peau, mais rendait l'air épais, presque réel.
Ce dont je me souviens le plus, c'est la qualité de la lumière : douce mais intense, éclairant uniformément le ciel nuageux. Elle accentuait la netteté des textures, sans les rendre rugueuses. Tout semblait proche, comme si le jardin tout entier s'était légèrement penché.
J'ai réfléchi à la structure aujourd'hui. Ces structures cachées qui soutiennent chaque feuille et façonnent sa croissance. Même immobile, la forme est discrètement présente. Cela ressemblait à mon travail, non pas par le sujet, mais par l'ambiance.
Ce soir, je suis fatiguée, et pour le bon sens du terme : non pas à cause du mouvement, mais à cause de ma concentration intense. Il pleut toujours dehors, et un bruit léger mais constant résonne contre la fenêtre.