Cinquième voyage Jour 61 : Losange en transit

Date : 8 juillet 2025
Localisation : Chișinău, Moldavie
Aujourd'hui, la journée a été calme, mais pas à cause de la fatigue. C'était le genre de rythme lent qui permet de calmer les choses sans avoir besoin de les arranger. Je suis arrivé à Chișinău peu après midi. Le bus était chaud, mais pas trop. Mon voisin de siège m'a offert une pastille à la cerise sans rien dire. J'ai accepté, heureux de partager ce simple geste de gentillesse.
Après avoir déposé mon sac à la maison d'hôtes, avec ses rideaux jaunes, ses plafonds bas et son vieux réfrigérateur ronronnant faiblement, je me suis dirigé vers le centre sans avoir de plan précis en tête. Les bâtiments le long de Ștefan cel Mare me rappelaient le poids de l'URSS, mais le temps estival adoucissait cette impression. Les bâtiments ont des murs clairs, usés par les intempéries depuis des années.
J'ai trouvé une librairie d'occasion à côté d'un café. La librairie était remplie de livres adossés les uns aux autres, comme de vieux livres de la même famille. Je suis resté près de deux heures à feuilleter des manuels moldaves, de vieux poèmes roumains et des manuels d'instructions en cyrillique avec des schémas qui ressemblaient à des didascalies. Je n'avais pas besoin de comprendre les mots : le ton du papier, l'odeur de poussière et d'encre, les coins éraflés ; ils parlaient chacun à leur manière. Un livre avait un tournesol pressé à plat entre les pages. La couleur du tournesol avait viré à un orange pâle. Je l'ai laissé là.
Plus tard, assis sur un banc sous un tilleul, j'ai dessiné de mémoire l'entrée de la librairie. Ce n'étaient pas les lignes exactes, mais l'impression : la légère dépression du trottoir, l'ombre fraîche dans l'embrasure de la porte, le rideau de perles en plastique oscillant à chaque pas.
Il règne ici un calme étrange, un mélange de lenteur et de sérénité. Ça me convient aujourd'hui. Je n'avais pas l'impression de devoir courir après quoi que ce soit. J'ai davantage prêté attention à la façon dont les gens marchent, aux hésitations des pigeons et à la façon dont la lumière se reflète sur le verre.
Parfois, une journée calme me fait me sentir plus détendu qu’une journée chargée.