Cinquième voyage Jour 7 : Présence du geai gris

Date : 15 mai 2025
Emplacement : Jasper, Canada
Ce matin, j'ai parcouru le Sentier de la Découverte, lentement, presque avec hésitation. L'air ici est raréfié et vif, mais pourtant plus pur que partout ailleurs. Ça sentait le pin et la neige au loin. Mes bottes craquaient doucement tandis que je marchais sur les aiguilles de pin gelées et la mousse humide. J'avançais prudemment, comme si le moindre bruit pouvait briser le silence qui emplissait la vallée.
Au lieu de lever les yeux vers les sommets, j'ai baissé les yeux. Les textures ont attiré mon attention : des lichens vert-noir s'étalant comme des rivières au courant lent sur l'écorce ; de moelleux coussins de mousse nichés dans les crevasses des troncs abattus ; des cristaux de glace formant une délicate dentelle dans les creux ombragés. Du bout des doigts, j'ai tracé la peau rugueuse d'un arbre, palpant ses sillons profonds et ses crêtes froides. Il semblait solide et réel dans un paysage où tout le reste semblait aérien et inaccessible.
J'ai esquissé vaguement, juste les lignes de texture, les taches de lumière et d'ombre sur l'écorce, et le caractère aléatoire d'un motif de givre qui, je le savais, disparaîtrait à midi. Je n'avais pas besoin d'être précis. C'était suffisant pour enregistrer la présence.
À un moment donné, je suis resté immobile assez longtemps pour qu'un geai gris vienne se poser près de moi, puis il a disparu dans la verdure dense. Ce fut un court instant, mais il m'a marqué plus longtemps que le décor montagneux.
J'ai remarqué ce schéma chez moi. Quand je suis dans un endroit trop grand, je me concentre sur les détails. Je m'y sens en sécurité. C'est comme un respect serein. C'est une façon d'entrer dans un grand espace sans avoir à le revendiquer.
Je suis revenu avec les doigts gelés et une page pleine de petites marques simples. C'est tout pour aujourd'hui.