Cinquième voyage Jour 95 : Geste de la main de la petite fille

Date : 11 août 2025
Localisation : Shiraz, Iran
J'ai passé beaucoup de temps aujourd'hui dans la cour de la mosquée Nasir al-Mulk. Le silence régnait, même avant d'y entrer. J'avais l'impression que ce silence provenait de la concentration sur l'instant présent, et non de l'absence de mouvement. À l'intérieur, les vitraux projettent des flaques de lumière colorée sur le sol carrelé. Je les ai observés bouger – presque imperceptiblement – au gré du changement de couleur du soleil. Des roses pâles, des verts et une soudaine bande bleue. Je n'ai pas dessiné. Je n'en avais pas besoin. Mon corps était immobile et mon esprit silencieux.
D'autres visiteurs allaient et venaient, marchant silencieusement et respectueusement. L'une d'elles était assise à proximité, une petite fille traçant sa main dans la lumière avec un profond émerveillement. Ses mouvements me rappelaient le coup de pinceau : elle était un peu hésitante au début, puis devenait plus fluide. Je ne pouvais m'empêcher de penser à ce petit numéro de danse.
Plus tard, je me suis promené dans les rues avoisinantes, en faisant attention à ne pas courir après quoi que ce soit. J'ai acheté une petite galette de pain plat dans une boulangerie. Elle était chaude, moelleuse et couverte de graines de sésame. Je me suis mis sous un arbre pour la manger, sentant la chaleur de fin d'après-midi me couvrir comme une couverture.
Il y a quelque chose de spécial dans le shiraz : on l'apprécie facilement. Je ne connais pas encore le nom du rythme, mais je me sens naturellement attiré par lui. Je pense que la lumière joue ici un rôle différent. Pas seulement la lumière, mais la présence. Je ne sais pas ce que cela signifiera pour la peinture. Cela pourrait être rien, ou cela pourrait être tout.
Ce soir, je me sens aéré. C'est comme si quelque chose s'était détaché – pas cassé, juste défait. C'était un calme bienfaisant. Ce n'est pas vide, mais plein d'air.